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L'ELDORADO

La première autorisation de bâtir un cinéma à l'emplacement actuel de l'Eldorado remonte, dans les archives de la ville, à l'année 1906. Le permis décrit ceci: " exécuter des changements dans l'intérieur de la propriété 36 place de Brouckère afin de transformer en salle pour spectacle cinématographique une partie de cet immeuble ". Apparaît alors " Le Cinéma Américain ".

Cette salle est littéralement incrustée dans les anciennes habitations; les fenêtres sont condamnées et les portes deviennent des sorties de secours. La salle prend alors la forme d'une banane, résultante du " collage " de différentes maisons.

En 1915, le Cinéma "Américain" est rebaptisé " le Cinéma des princes".

Englobant l'ancien Cinéma "Américain", l'Eldorado est édifié par l'architecte Marcel Chabot pour le propriétaire du Cinéma de la Monnaie et du Victoria Palace, Monsieur Marlant. Les transformations sont ambitieuses et s'étalent de 1931 à l'été 1933.

Le nouveau cinéma occupe alors toute la profondeur de l'îlot délimité par la rue de Laeken et offre un très vaste hall, avec vestiaires et ascenseur, à l'arrière duquel se déploie la salle, d'une capacité de 3.000 places.

L'Eldorado constitue alors le contrepoint Art Déco du Métropole.

En 1938, L'Eldorado , à Bruxelles, est exploité par la société qui fit construire, à Anvers, le cinéma REX, considéré à juste titre comme l'un des plus parfaits d'Europe. Contrairement au Rex, créé de toutes pièces, les remaniements de I'Eldorado portent essentiellement sur l'extérieur et les dégagements de l'établissement : façade et marquise, hall de publicité et guichets, foyer et vestiaire, escaliers vers les galeries, etc.,.

Dans l'esprit des protagonistes ces transformations avaient, avant tout, une utilité publicitaire. Il importait d'ouvrir vers la place de Brouckère une entrée si puissamment attractive qu'elle fixât irrésistiblement l'attention des passants. L'architecte Stynen choisit donc la plus large mesure.

Non seulement l'entrée 'nouvelle est monumentale, mais elle constitue vraiment un prolongement naturel de la place.

Les deux puissants piliers de soutènement sont parés de granilithe. et surmontés de gorges èclatantes tes. Le pilier d'avant porte une horloge électrique à cadran de cuivre oxydé.

Une rampe lumineuse trace une ligne étincelante à la base de la marquise. Le sommet de celle-ci, de face et sur les côtés, porte des enseignes dont les lettres métalliques sont illuminées par trais traits au néon, deux rouges et un bleu.

La ligne de conduite du décorateur était très simple: " flatter l'œil du spectateur, exalter son amour du beau, le transporter dans une ambiance pleine d'harmonie et avivée d'une chaleur telle, que le film présenté, semble l'être comme un joyau dans son écrin. " Un large hall, pavé de mosaïque, s'ouvre sur la place de Brouckère; des montants, or et vert, supportent une marquise des mêmes tons. Du dehors, le passant peut apercevoir le hall intérieur, les larges escaliers aux rampes de métal. Une grande glace polie a été placée, pour la 2éme fois dans la façade d'un cinéma à Bruxelles.

Dotée de deux balcons, la salle arbore un type de décor très peu répandu à Bruxelles, puisqu'elle fait appel au goût 'africaniste'. De grands panneaux de stuc teinté d'or animent ses parois de motifs tirés de l'imagerie congolaise: buffles, éléphants, palmiers de toutes sortes, indigènes en pirogue, ... Des gorges lumineuses imitant le bronze achèvent de conférer à ce lieu une ambiance empreinte de richesse, de grandeur et de dépaysement un peu naïf. Son nom, lui-même, évoque les rêves et les délices d'une terre lointaine.

A gauche, face au vestiaire, une paroi reçut un panneau décoratif, en 1938, de Van Vlasselaer, d'une technique impeccable. Il montre des arlequins et funambules aux silhouettes hardiment stylisées, peints dans une gamme plus soutenue, comme l'exigeait l'importance de la composition. Une moquette rouge couvre totalement le sol du foyer et des dégagements.

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En 1974, l'ère des multisalles est à son apogée et l'Eldorado en subit les conséquences. L'unique salle de 2.705 places est divisée en plusieurs espaces afin de créer un étage supplémentaire et de permettre la réalisation de nouvelles salles.

L'Eldorado est alors jumelé à la salle voisine du " Scala ".

La division de l'espace dans le sens de la hauteur coupe sans hésiter à travers les immenses reliefs à la décoration africaniste dont la partie supérieure, encore visible, est à présent peuplée d'une flore déracinée et d'indigènes culs-de-jatte. Un ensemble de 7 salles voit ainsi le jour pour le bonheur des exploitants mais contre tout respect architectural.

Entre 1977 et 1978, le complexe est à nouveau transformé. Il est aménagé en un espace de 8 salles et le hall est une nouvelle fois modifié.

Le cinéma Eldorado fermera définitivement ses portes le 8 janvier 1991.

Le groupe cinématographique français UGC, alors exploitant de l'Acropole et du City II, jure de renflouer l'Eldorado. Avec un chiffre d'affaires de plus de 150 millions d'€uros, UGC voulait se doter d'un vaisseau amiral dans la capitale de l'Europe. L'UGC De brouckère sort de terre.

La façade est réactualisée pour lui donné un caractère moderne. Au fond du hall, les films en cours sont présentés sur un immense panneau publicitaire. Les caisses, en glace polie, se trouvent au centre du hall. La salle africaine est entièrement restaurée et devient la salle "GrandEldorado".

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